Les prix s’envolent… Soyons solidaires de nos paysan·nes 👩‍🌾

Les prix s’envolent… Soyons solidaires de nos paysan·nes 👩‍🌾

Avec la crise du COVID et plus récemment la guerre en Ukraine, de nombreuses matières premières ont vu leur prix s’envoler. Si le sujet préoccupe les foyers dans leur quotidien, le monde agricole n’est pas épargné et nos paysan·nes non plus… Soutenons-les !

Quand on parle de matières premières qui flambent, on pense d’abord à l’énergie. La hausse des prix dans ce domaine se répercute évidemment sur les charges des fermes, sur leurs dépenses de carburants (le diesel a augmenté de 30% en moyenne entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022) et de combustibles. Mais ce ne sont pas les seules matières premières impactées que constatent les paysan·nes, comme le démontrent les exemples remontés dans les Réseaux d’AMAP partout en France :

En maraîchage, production végétale :

  • Semences : en 2018, un maraîcher déboursait 54 € pour ses semences de haricots. En 2022, elles lui coûtent 76€, soit plus de 40% en 4 ans !
  • Terreau : le sac de substrat est passé de 6.75 € en 2018 à 9.93 € cette année, soit 47% d’augmentation en 4 ans. Il faut souvent 30/40 sacs de terreau en plus !
  • Films de protection des cultures : une augmentation de 55% sur une année est constatée en région nantaise.
  • Serres : un devis établi en décembre 2019 chiffrait à 4 500 € une nouvelle serre. Son actualisation début 2022 fait passer l’investissement à 9 500 €… Le prix a plus que doublé en 2 ans ! Il en est de même pour le matériel de réparation des serres.

En élevage :

  • Alimentation des volailles : entre janvier et avril 2022, la tonne d’alimentation pour les poules est passée de 700 € à 800 €, soit 15% en 4 mois… et les répercussions de la guerre en Ukraine ne sont pas encore mesurées !
  • Alimentation en pisciculture : la tonne d’aliments est passée de 1 500 € en mars 2022 à 2200 € en juin 2022 !
  • Alimentation des chèvres laitières : la tonne est passée de 490 € en juin 2021 à 638 € en juin 2022. Pour une ferme qui consomme 18 tonnes d’aliments par an, cela représente une hausse de 3 600 € uniquement sur ce poste. Pour la ferme concernée, une aide de l’État de 1 000 € permettrait de couvrir une partie de ces frais
  • Les contenants tels que les pots de yaourt ont pris 10% en 3 mois.
  • Le coût d’abattage des poulets qui a progressé d’environ 100 € par abattage.
  • La prestation de pressage du foin et de la paille : une augmentation est prévue, liée à la hausse du coût du carburant et des plastiques, ficelles, des filets, et du coût d’entretien…
  • D’autres charges, moins importantes, mais qui augmentent également : les aliments démarrage des veaux, les matériaux d’entretien (fer, bois, graisse, huile,…), le boucher pour la viande bovine … 

En plus de ces hausses de charges, les paysan·nes font également face à des ruptures de stock sur du matériel et des petits équipements (irrigation, bâches, contenants…) et doivent chercher des alternatives, quand elles existent, qui se révèlent plus coûteuses et/ou de moins bonne qualité.

Face à ces hausses et sans augmentation de leurs prix de vente, les paysan·nes n’auront de choix que de réduire leur rémunération et/ou de renoncer à l’embauche d’un·e salarié·e pour les aider. Il·elles devront reporter certains investissements ou limiter certains de leurs achats comme les films de protection pour les maraîcher·es, induisant une charge de travail supplémentaire pour des travaux de désherbage, de travail du sol ou de réparation des équipements à prolonger.

Alors en tant qu’amapien·ne, on fait quoi ?

En premier lieu, dans l’esprit de la Charte des AMAP et de son principe de solidarité, il appartient à chaque AMAP de se soucier des problématiques de la ferme et d’engager la discussion avec son ou ses paysan·nes partenaires pour mesurer l’impact de ces dépenses supplémentaires. Pour soutenir vos paysan·nes, plusieurs actions sont possibles :

  • Plusieurs AMAP ont voté l’augmentation du prix des paniers pour la saison en cours. Certaines de façon uniforme pour tous·tes les amapien·nes, d’autres en laissant le choix aux amapien·nes (de rester sur le prix antérieur ou de contractualiser sur un prix plus élevé avec un montant laissé à leur libre appréciation)
  • Proposer de se rendre plus souvent sur la ferme (les visites ont été moins fréquentes avec la crise COVID) : collectivement, des désherbages ou des récoltes à visée pédagogique pour les amapien·nes peuvent soulager votre paysan·ne ;
  • Proposer un avenant au contrat AMAP ou mettre en place une cagnotte solidaire pour couvrir tout ou une partie de la hausse des dépenses de manière ponctuelle ;
  • Se projeter dès à présent sur la saison suivante pour envisager une augmentation du prix ou du nombre de paniers, pourquoi pas avec des paniers solidaires.

🌱 Pratique inspirante : certaines AMAP de la région proposent au sein de leurs contrats des prix différents afin de tendre vers une meilleure équité entre les amapien·nes et de sensibiliser sur les coûts de production et la rémunération de leurs paysan·nes partenaires. On peut trouver l’exemple d’un contrat avec 3 prix : un « prix plancher », un « prix de soutien » et un « prix solidaire », laissés au libre choix de l’amapien·ne. Nous avons collecté différents exemples de contrats de ce type, faites-nous signe si vous souhaitez vous en inspirer !

Et en tant que paysan·ne, comment ne pas rester seul·e ?

Au-delà des solutions à construire avec vos AMAP partenaires, le Réseau des AMAP Hauts-de-France peut vous accompagner sur la question de la fixation du prix du panier, sur la communication avec vos amapien·nes et sur bien d’autres sujets. Contactez-nous si vous ne savez pas comment résoudre les problèmes liés aux augmentations de vos charges.

Les sujets financiers sont parfois difficiles à aborder, surtout dans un contexte de précarisation générale et quand des problèmes de renouvellement des paniers fragilisent déjà l’équilibre des fermes. Osez en parler ! La fixation d’un prix équitable pour les paysan·nes comme pour les amapien·nes est au cœur du partenariat AMAP. Il est légitime et même primordial d’en discuter.

📢  Mobilisation pour le revenu paysan, le genre d’action qui fédère
Mercredi 8 juin à Amiens, des paysan·nes et citoyen·nes de la Confédération paysanne des Hauts-de-France, d’Initiatives Paysnens, du Réseau des AMAP Hauts-de-France et de Bio en Hauts-de-France ont défendu le revenu paysan autour de plusieurs actions symboliques : marché paysan, prises de parole, relevé des prix et stickage dans un centre commercial Carrefour. D’un côté, les paysan·nes ne sont pas payé·es pour leur travail. De l’autre, les citoyen·nes peinent à dégager un budget suffisant pour s’acheter des produits alimentaires et notamment des produits issus de l’agriculture paysanne. Au milieu, les grandes surfaces font des marges énormes, en particulier sur les fruits et légumes et les produits bio. Partout en France, la Conf’ s’est mobilisée. En Hauts-de-France, nous nous sommes retrouvé·es devant le centre commercial Carrefour d’Amiens Nord pour dénoncer les pratiques des grandes surfaces, qui écrasent les paysan·nes avec des prix non rémunérateurs. Nous en avons profité pour exprimer notre soutien aux maraîcher·es impacté·es par la tempête Eunice. Retrouvez les photos de l’évènement sur notre publication Facebook.

Crédit photo : Clément Foucard

 

 

 

2022-08-29T16:24:09+02:00 22 juillet 2022|